La Marine polonaise.
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Pendant les années de l’entre-deux guerres, la Marine de guerre polonaise a souffert des
pauvres ressources, car l’armée de terre et l’aviation en fuite formaient un plus grand rôle
dans les défenses stratégiques. « La Pologne avait des millions d’hommes en armes,
comprenant douze brigades de cavalerie ; sur le papier c’était une force impressionnante, tout
ce qu’il y avait de plus impressionnant dans les yeux de ces généraux polonais
irrémédiablement romantiques et convaincus qu’avec un peu de bravoure et assez de chevaux
on pouvait tout faire » (Budiansky, 2000 : 69). Cependant, alors que cela pouvait renforcer
les mythes populaires sur l’état des forces armées polonaises (Polskie Sily Zbrojne - PSZ -), la
Pologne, depuis sa réorganisation en 1926, s’était entraînée à la guerre en vue du conflit à
venir. L’organisation stratégique simulait des invasions allemandes (Plan N) ou soviétiques
(Plan R). Les Polonais simulèrent même une invasion simultanée (Plan N+R) (Zaloga et
Madej, 1991). La Marine connut un rôle moindre, quoique tout aussi important, en protégeant
les ports et la flotte marchande dans la Baltique. Formée le 28 Novembre 1928 (pour la
célébration de la victoire d’Oliwa), Jozef Pilsudski fut impressionné par le traité stratégique
de Marian Kadulski qui envisageait la maîtrise absolue de la mer Baltique sous le couvert
d’une flotte de rapides lance torpilles et de sous-marins poseurs de mines (Peszke, 1999). Les
perspectives de voir la création d’une Marine suite aux indemnisations de la guerre furent
anéanties lorsque la Marine allemande fut sabordée à Scapa Flow dans les îles Orkneys, en
Ecosse, le 21 Juin 1919.
Au début des années 20, la section II (Biuro Szfrow) de l’Etat major de l’Armée écoutait et
décodait régulièrement les communications radio allemandes. « En Février 1926 les messages
de la Marine allemande devinrent illisibles ; en Juillet 1928 il en fut de même pour l’Armée »
(Budiansky, 2000 : 69). Des machines générant des cryptogrammes furent soupçonnées et
tandis que les tout premiers modèles de machines Enigma furent exposés en 1928 dans une
foire en Suisse, les Renseignements polonais furent enthousiasmés non seulement de pouvoir
percer le secret des codes allemands, mais également être capables de pouvoir fabriquer une
réplique de cette machine (Stafford, 2000). A partir de 1928 la Pologne pouvait déjà lire
secrètement les communications allemandes et ce fut « l’as qui sortait de la manche » car ni la
France ni la Grande-Bretagne ne le pouvaient et demeuraient de ce fait aveugles face aux
communications allemandes.
Les dépenses pour la Marine représentaient environ 2% du budget de la défense nationale
(Zaloga et Madej, 1991) et son rôle stratégique serait d’empêcher tout accès dans les ports
vitaux. La Marine fut relativement peu développée mais équipée de navires modernes pour
lesquels on avait une certaine fierté. Les chantiers navals polonais ont démarrés trop tard pour
pouvoir être préparé aux constructions et ceci fut un frein à sa progression. Le tableau ci-après
montre la taille et le statut de chaque classe de bateau.
Le Schleswig-Hollstein pilonnant la garnison de Westerplatte en Septembre 1939
La Marine polonaise
Class/Type
|
Simoun Destroyer
|
Grom Destroyer
|
Gryf Poseur de mines
|
Rys Sous-marin
|
Orzel Sous-marin
|
Jaskolka Démineur
|
Déplacement
|
1920
|
2144
|
2250
|
980/1250
|
1100/1650
|
183
|
Longuer (m)
|
107
|
114
|
103
|
78
|
84
|
45
|
Armement principal
|
4-130mm
|
7-120mm
|
6-120mm
|
1-100mm
|
1-105mm
|
1-75
|
Canons anti-aériens
|
2-40mm
|
4-40mm
|
4-40mm
|
|
2-40mm
|
|
AA MG's
|
4-13mm
|
2-13mm
|
8-13mm
|
2-13mm
|
1-13mm
|
13mm/7.62mm
|
Tubes de torpilles de 550mm
|
2 triple
|
2 triple
|
|
6
|
12
|
|
Vitesse maxi Noeuds
|
33
|
39
|
20
|
14/9
|
19/9
|
18
|
Equipage
|
155
|
190
|
205
|
54
|
62
|
30
|
Pays fabricant
|
France
|
Britain
|
France
|
France
|
Netherlands
|
Poland
|
No. Dans la Classe
|
2
|
2
|
1
|
3
|
2
|
6
|
Action
|
Wicher: Détruit en Sept. 1939. Le Burza: avec le Grom et le Blyskawica quitte Gdynia le 1er Septembre 1939 et fait route vers Leith en Ecosse. Retourne en Pologne en 1947. Aujourd’hui c’est un navire musée.
|
Grom: coulé le 4 Mai 1940 aprés la Bataille de Narvik dans le fjord de Rombaks, en Norvège. Blyskawica: Quitte Gdynia avec le Grom le 1er Septembre 1939 et fait route vers Leith en Ecosse. Basé à l’origine à Harwich entre en
combat en Norvège, participe à des escortes de convois dans les régions occidentales, en Méditerranée et aux opérations de la Home fleet.
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Gryf: Détruit en Sept. 1939
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Rys and Zbik Internés en Suède. Wilk: s’est enfuit vers l’Angleterre.
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Sep: Interné en Suède. Orzel: Echappé en Estonie et interné à Tallinn, s’echappe et parvient à rallier Rosyth, en Ecosse en Oct 1939. Coule le transporteur de troupes allemand (Rio de Janeiro) au large de la Norvège le 8 Avril 1940. Son théâtre opérationnel fut la Baltique et la Mer du Nord.
|
|
Selon Zaloga et Madej (1991).
En Pologne l’ordre de Mobilisation pour les forces terrestres institué le 26 Août 1939 suivi de
l’ordre de Mobilisation générale le 30 Août 1939, n’a pas été proclamé pour forcer la main
des Britanniques et des Français, mais dans le but de répondre aux Allemands. Le 28 Août
1939 tus les navires battant pavillon polonais reçurent l’ordre de rester en dehors des eaux de
la Mer Baltique, la flotte de destroyers polonais devant rallier la Grande-Bretagne le 30 Août
1939 (Peske, 2005) sous la couverture opérationnelle PeKing en accord avec l’Amirauté
britannique. Lorsque la guerre éclata le 1er Septembre 1939, quelques navires purent échapper
au feu ennemi tandis que d’autres défendirent héroïquement l’approche des ports et du
Westerplatte. Le vieux cuirassier allemand Schleswig-Holstein entra à Danzig en visite
officielle avant que la déclaration formelle de guerre ne soit faite. Il pilonna la garnison de
Westerplatte à 4h45 profitant d’une position avantageuse dans le port principal.
Les défenses côtières:
Les forces de défense côtières ainsi que les unités de la Marine défendirent les côtes de la
Baltique. Eclaté en 4 zones opérationnelles le bataillon KOP défendit la péninsule Hel sous le
commandement de Wlodimierz Steyer avec 2800 hommes rattachée aux unités AA et de
batteries côtières (Zaloga et Madej, 1991). Ces unités furent rapidement isolées dès les
premières heures de l’invasion. La péninsule de Hel fut contournée jusqu’à ce que les
objectifs de la Wehrmacht furent atteints, c'est-à-dire la capture et la protection des ports de
Gdynia et Gdansk.
La Brigade de fusiliers marins et la Brigade navale de la garde nationale sous le
commandement du Colonel Stanislaw Dabek étaient constituées d’environ 1400 hommes qui
formaient un périmètre défensif autour de la baie d’Osksywie où étaient situés les ports de
Gdynia et Gdansk. Un réseau complexe de batteries côtières et de positions AA ceinturaient la
baie et Zaloga et Madej (1991) précisent que les troupes reçurent l’appui des milices locales.
Les SS du bataillon Heimwehr Danzig aidé par la Wehrmacht et du bataillon Pionier Lehr attaquant Gdansk.
Les ruines de la garnison Westerplatte
La garnison Westerplatte regroupaient les premières unités a être engagées dans les combats
maritimes et terrestres contre les SS Heimwehr Danzig aidés par la Wehrmacht et des unités
de la police attaquant le labyrinthe des unités dissimulées donnant sur la mer et surnommé
« petit Verdun » provoquant de lourdes pertes du côté allemand, 300 morts avant la chute de
la garnison le 7 Septembre 1939 (Zaloga et Madej, 1991; Peszke, 2000).
Le Gryf
Batterie côtière à Oksywie
A Oksywie, la 207ème Division d’infanterie allemande aidée par différentes unités paramilitaires,
représentant une force de 26000 hommes, attaqua des Polonais bien moins nombreux et faiblement
équipés. Kartuzy fut occupé le 4 Septembre et les forces polonaises battirent en retraite vers les
ports principaux. La garnison de la péninsule de Hel subit des bombardements constants et une fois
que les ports principaux furent tombés, et la Luftwaffe et le Schleswig-Holstein pilonnèrent la base.
Malgré les bombardements quotidiens, la garnison repoussait les attaques de combats corps à
corps. Repoussés vers Kuznica, les Polonais firent exploser des mines et séparèrent
temporairement la péninsule du continent dans l’espoir d’enrayer les attaques. L’Amiral Jozef
Unreg, commandant de la garnison, décida de poursuivre le combat malgré la chute de Varsovie le
29 Septembre et poursuivit un combat acharné jusqu’au 1er Octobre 1939 lorsque le cessez le feu
prit effet en début d’après midi.
La petite et dévouée Marine opposa, contre toute attente, une forte résistance à l’invasion par de
nombreux actes d’héroïsme. Le Mazur se rendit seulement lorsque les canonniers du navire qui
coulait eurent de l’eau jusqu’à la taille et ne furent plus en mesure de tirer. Tandis que le Burza, le
Grom et le Blyskawica purent s’échapper pour rallier Leith en Ecosse, le reste de la flotte se battit
remportant quelques succès bien que limités. Le Gryf et le Wicher firent feu et mirent hors d’état le
vaisseau amiral Leberecht Maas le 3 Septembre avant qu’un bombardement massif allemand ne les
coule. La flotte sous-marine se sauva et trouva soit refuge en Suède ou dans le cas du Wilk rallia la
Grande-Bretagne tandis que l’Orzal sous le commandement du Capitaine Jan Grudzinski se sauva
héroïquement de Tallin en Estonie vers la base navale de Rosyth en Ecosse sans carte marine, sans
munitions ou canons, terre d’accueil de la flotte sous-marine britannique. Lors de différents
combats, le dragueur de mines allemand M-85 fut coulé par les mines déposées par le Zbik alors
que les destroyers Burza et Blyskawicka eurent attaqués et vraisemblablement détruit un sous-
marin avant de quitter la Baltique.
La Grande-Bretagne
Le 18 Septembre 1939 la Marine polonaise fut rattachée à la Navy britannique sous
commandement de l’Amirauté britannique et un nombre de destroyers lui fut confié sous la forme
d’un contrat de location. La Marine polonaise était forte de 6 destroyers (Garland, Piorun,
Krakowiak, Kujawiak, Slazak, Orkan) 3 sous-marins (SokUl, Jastrab et Dzik) 6 torpilleurs et 2
croiseurs (Dragon et Conrad). Leur théâtre opérationnel allait de la protection de convois dans
l’Atlantique et la Méditerranée, mission en Mer du Nord ou missions spéciales pour des opérations
bien précises, par exemple : le Blyskawica assura la protection des troupes lors de l’évacuation de
Dunkerque. Le Blyskawica et le Grom participèrent à la campagne de Norvège à Narvik engageant
les batteries de défense côtières allemandes. Lors de cette opération le Grom fut coulé dans le fjord
de Rombaken. Dans la nuit du 20 Juin 1940 le Wilk décela un sous-marin et le pulvérisa. Dans un
engagement digne d’un « David et Goliath » le destroyer Piorun trouva et engagea le cuirassé
Bismarck gagnant le respect pour sa vaillance.
Le Krakowiak et le Kujawiak en protection de convois
Le Wilk, le SokUl et le Dzik en ravitaillement en Méditérranée
La Marine polonaise eut dans la plupart des cas un rôle de soutien dans le raid sur Dieppe,
l’invasion de la Sicile ou lors du Jour-J en Normandie. Le 6 Juin 1944 à l’exception d’un navire (le
Garland) tous les autres navires polonais furent impliqués dans l’opération Neptune – la partie
navale de l’Opération. Le croiseur Dragon fut rattaché à la Force D en support à la 3ème Division
canadienne sur la plage de JUNO à Courseulles (qui inclura plus tard la 1ère Division blindée
polonaise). Les destroyers polonais Slazak et Krakowiak assurèrent la couverture du
débarquement des Britanniques à Ouistreham protégeant les dragueurs de mines et les barges de
débarquement. Le Blyskawica et le Piorun furent rattchés à la flotille des destroyers Tenth,
constituée des 19ème et 20ème divisions dont les Blyskawica était le leader. Dans la nuit du 9 Juin
1944 la flotille était au large de Ushant après que la Raf ait aperçut une imposante flotte allemande
tentant de disloquer les convois et les lignes de ravitaillement pour les plages de Normandie. Après
une bataille décisive, les Alliés paralysèrent les dernières tentatives de la Marine allemande en la
repoussant au large, aidés en cela par une contribution polonaise significative.
Un peu plus de 400 hommes et officiers donnèrent de leur vie pour la défense de la Grande-Bretagne et de l’Europe.
La marine marchande polonaise
Dans l’entre deux guerres la marine marchande polonaise était forte de 40 navires notamment de
vraquiers pour l’exportation du charbon et d’autres produits industriels. Des Cadets étaient à
l’entraînement sur des navires du type Dar Pomorza et sur les navires de croisière. Les navires à
moteur (MV) Pilsudski, Batory, Sobieski et Chrobry étaient la fierté de la flotte transportant des
passagers payants sur des itinéraires variés de façon à gagner des devises fortes et agissant comme
étant la fenêtre d’un état polonais moderne. Lorsque la guerre menaça, des navires furent
transformés et les ponts renforcés de façon à pouvoir accueillir des armes de défense et aussi
comme faisant partie du plan stratégique, si toutefois la Pologne venait à être envahie tous les
navires devaient rejoindre la Grande-Bretagne.
Le 28 Août 1939 tous les navires battant pavillon polonais reçurent l’ordre de rester en dehors des
eaux de la Mer Baltique expliquant ainsi qu’environ 9% de la flotte fut perdu (Peszke, 1999). Onze
navires furent pris dans la Baltique, dans les ports de la Mer du Nord ou dans les détroits danois et
cherchèrent asile en Suède, à Göteborg par exemple, avant de reprendre la mer vers la Grande-
Bretagne via Bergen sous escorte britannique. Le Slask, le Rozewie et le Poznan furent les derniers
à quitter la Baltique, le Rozewie arrivant le 18 Novembre 1939 (Peszke, 1999). Les equipages
marchands furent également éparpillés à travers le globe travaillant souvent sur d’autres navires et
d’autres compagnies. A la déclaration de guerre ce personnel traversa la planète afin de poursuivre
la lutte. Dans beaucoup de cas leurs périples n’étaient pas moins hasardeux de ceux qui
s’enfuyaient de la Pologne pour rejoindre la France ou la Grande-Bretagne. Un centre
d’entraînement fut crée à Southampton et la marine marchande polonaise se trouva ainsi sur tous
les théâtres opérationnels de la guerre transportant troupes et vivres à travers les routes les plus
périlleuses du conflit en temps que Marine marchande Alliée.
Sources complémentaires:
Polish Navy Portal
Polish Navy in Scotland
Polish Navy
The,Battle of the Atlantic and the Polish navy
Polish Motor Gun Boats and Torpedo Boats from WW2
Poland on the Web - Polish Navy
Poles in Plymouth
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