La campagne de Norvège Narvick du 9 Avril au 8 Juin 1940
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La croyance populaire tends à penser que le Danemark et la Norvège (Opération Weser ,bung)
furent envahis sans mise en garde le 9 Avril 1940. L’excuse invoquée par Hitler fut le besoin
de créer des « protectorats » en vue d’une invasion soviétique plutôt que divulguer
publiquement la décision stratégique afin d’éviter aux Alliés de mettre pied en Europe. Hitler
se devait de protéger les convois routiers et d’empêcher les Alliés d’avoir la possibilité
d’encercler l’Allemagne. Tant les familles royales de Norvège et du Danemark étaient
probritannique et bien que le Gouvernement norvégien fut pacifiste, il proclama sa neutralité
pour éviter tout conflit. La collaboration de Vidkun Quisling (Nasjonal Samling) avec les
nazis chagrina les responsables des services secrets et les journalistes dans le sens où les
membres de la « cinquième colonne » pourraient faire partie du plan d’invasion de la France
(Stafford, 2000). Les Allemands avaient besoin d’assurer la sécurité des transports notamment
celui de l’acier en provenance de Suède et de conserver un libre accès vers l’Atlantique nord.
Dans n’importe quel cas, l’activité des Alliés était focalisée sur la « drôle de guerre » avec le
Haut Commandement Allié plaçant toute sa confiance sur la Ligne Maginot au nord de la
France afin de contenir la menace allemande.
La campagne de Norvège d’avril à mai 1940 fut une opportunité pour les Alliés de réhabiliter
leurs ternes stratégies tant à la fois sur les fronts diplomatiques, politiques et militaires. En
effet, le Premier Ministre Chamberlain (Turner, 1961 cité dans Davies 2006) en vint à
conclure qu’Hitler avait « manqué l’autobus » car les Alliés s’étaient assis en attendant
pensivement. En tout, 9 divisions furent désignées pour la campagne, focalisée sur un
débarquement de troupes et une intervention navale sur Narvik (Davies, 2006). Le Danemark
tomba en un seul jour. L’invasion allemande de la Norvège fut une opération combinée entre
la Kriegsmarine (marine de guerre allemande) basée à Bremerhaven, la Luftwaffe (l’aviation
allemande) et la Wehrmacht (l’armée allemande) celle-ci fournissant les parachutistes et les
spécialistes des troupes alpines basées en Autriche. L’invasion débuta le 6 Avril 1940 par
l’arrivée de la flotte allemande dans les ports principaux de Trondheim, Bergen, Kristiansand
et Narvik. Dans le fjord d’Oslo la résistance fut brève mais âpre avec des batteries côtières
coulant le Blücher (l’un des croiseurs allemands des plus modernes) avec environ la moitié de
la force d’invasion à son bord et endommageant sévèrement le cuirassé de poche Lüzow. Les
parachutistes s’emparèrent de la ville d’Oslo tout en même temps que la Luftwaffe bombardait
les objectifs stratégiques lesquels ouvraient la voie pour l’achèvement de l’invasion du sud de
la Norvège.
Le 1er groupe de combat se dirigeant vers Narvik était composé de 10 destroyers allemands
menés par le vaisseau amiral Wilhelm Heidkamp. Le matin du 9 Avril les troupes allemandes
débarquaient à Otofjord et Herjangsfjord lesquelles contrôlaient l’accès à Narvik et
s’emparèrent de la base de ravitaillement de Elvegaardsmoen. Epiés par la marine
norvégienne, dans une impasse les Allemands utilisèrent toute la puissance du Wilhelm
Heidkamp pour négocier un processus de paix. Sous les ordres du capitaine Willoch, une
petite flotte de navires de défense côtière bloqua l’accès à Narvik ce qui permit au destroyer norvégien Norge d’armer ses canons et ouvrir le feu. Surclassé en nombre et faiblement armé, le Norge fut coulé avec l’ensemble des navires de la défense côtière.
Narvik 1940
La contribution polonaise
Le 23 avril 1940 les troupes polonaises qui purent s’échapper de la Pologne et maintenant rattachée
à la 13ème Demi-Brigade de la Légion étrangère de l’armée française, commença à embarquer à Brest
en temps que force du Corps Expéditionnaire français sous le commandement du Général Antoine
Béthouart. Les fanfares jouant les hymnes nationaux le Colombie, le Clémenceau et le Mexique
mirent le cap sur le détroit du Pas-de-Calais puis la mer du Nord.
Brest 23 Avril 1940
Mer du Nord Avril 1940
La bataille débuta lorsque le sous-marin Orzel coula le Rio de Janeiro à Oslofjord après avoir filé le
bâtiment allemand chargé de troupes le 8 Avril 1940. Le Orzel fit surface à 11h12 à quelques 1200m
du suspicieux navire allemand et lui ordonna de stopper pour être fouillé. Feignant l’ordre de mettre à
l’eau un canot, on ouvrit le feu à l’aide de mitrailleuses ce qui provoqua l’acquiescement, mais une fois
que l’ordre d’abandonner le navire dans le quart d’heure fut donné le Orzel attendit et répétant une
nouvelle l’ordre des torpilles furent lancées coulant le navire allemand. Les débris indiquèrent la
présence de militaires à bord dont le but fut d’envahir la Norvège.
Lors de la première bataille navale de Narvik, la Royal Navy piégea la flotte allemande en manque de
carburant et de munitions. Au premier engagement en dehors du port les Allemands furent surpris et
la R.N coula le Wilhelm Heidkamp et l’Anton Schmidt, en laissant filer le Dieter von Roeder
sévèrement endommagé. La garnison fut attaquée par le feu de la flotte avant qu’elle ne quitte le fjord.
Tout en se dirigeant vers la pleine mer, 3 destroyers allemands venant de Herangsfjord sous les
ordres de Erich Bey attaquent la flotte avec l’appui de deux autres destroyers venant de la baie de
Ballangen sous les ordres du Commandant Fritz Berger. Les destroyers britanniques Hardy et Hunter
furent coulés seul restait le Hotspur sérieusement touché par une torpille et celui-ci avant de pénétrer
en Mer du Nord parvint à détruire une expédition de ravitaillement en vivres et munitions.
Lors de la seconde bataille, une flottille de 9 destroyers avec le porte-avions Furious tenta de prendre
l’avantage du manque de carburant et de munitions côté allemand. En arrivant le 13 Avril, les forces
allemandes étaient dans un triste état. La seconde bataille vit 3 destroyers allemands coulés par le
Warspite et d’autres bâtiments sabordés ou détruits. La principale invasion alliée fut lancée à Narvik
avec des Norvégiens mis sous pression pour apporter une aide dans les déplacements terrestres en
passant par Bjornefell. A partir du 14 Avril, les forces britanniques débarquèrent 3 bataillons qui se
déployèrent pour couvrir le fjord et s’approchèrent du sud-ouest à Nordland. Les forces du Corps
Expéditionnaire français débarquèrent le 28 Avril et se déployèrent à Otofjord, les Polonais quant à
eux arrivant le 9 Mai 1940.
La structure de commandement et de coordination à Narvik courait vers un désastre. Peu de
communication et de contrôle entre les Britanniques, les Français et les Norvégiens signifiaient qu’une
stratégie claire pour l’invasion de Narvik était faible et divisée. Les options étaient pour un assaut
maritime ou une plus prudente attaque terrestre. Des délais et une réponse tardive des Alliés
permirent à la garnison allemande de renforcer ses positions pour attaquer. Tandis que les
Norvégiens faisaient de gros progrès dans les opérations en monyagne, les troupes françaises
avançaient jusqu’à la vallée du Laberg avec les Britanniques embourbés à Otofjord à cause du sous
équipement et du manque d’entraînement. En effet, le Major Général Mackesky préconisa d’attendre
jusqu’à la fonte des neiges.
La Division de destroyers polonais se composait du Burza, du Blyskawica et du Grom avec pour
commander la Flotte le Commandant Porucznik S. Hryniewiecki avait quitté Harwich via Scapa Flow
pour la Norvège escortant des transports de troupes ou en mission au large des îles Lofoten et de
Narvik. Le 3 Mai le Burza débarquait des troupes alpines françaises dans le fjord Graatangend tandis
que le Grom et le Blyskawica ouvraient le feu sur les positions allemandes. Malheureusement, le 4
Mai le Grom fut coulé pendant une attaque aérienne.
Finalement, une attaque amphibie menée la Légion Etrangère française sous les ordres du Général
Béthouart fit route vers Elvegardsmoen forçant les Allemands à battre en retraite. La Brigade
polonaise de fusiliers ayant été dans des opérations de défense et de confinement se déplaça vers
Bjerkvik mais fut ralentie par le relief du terrain. De mauvaises communications et un manque
d’exécution des plans permirent aux troupes allemandes d’échapper à l’encerclement. Les troupes
britanniques et un bon nombre de troupes françaises ne furent pas entraînées aux combats dans les
montagnes et le froid devînt également un ennemi à cause d’un équipement inadapté. Un manque de
barges de débarquement et d’embarcations d’entraînement rendirent l’opération dangereuse et
provoqua le ralentissement des renforts de troupes sur le rivage. Des retards concernant la couverture
aérienne en provenance de Bardufoss et l’utilisation de la vaste route au nord de Narvik génèrent les
opérations. Lorsque l’assaut final allié fut donné le 28 Mai via Rombaksfjord et Ankenes, Narvik
tomba. Mais ce fut une victoire vaine. Comme les Allemands exerçaient une forte pression sur les
forces norvégiennes à Bodo, le Haut Commandement britannique décida d’organiser la retraite et
l’évacuation dans ce secteur y compris Tromso.
Une escadrille de chasseurs Hurricane arriva le 26 Mai pour venir en aide aux troupes, mais aprés
une tentative avortée de les baser à Skaanland elles furent diriger vers l’aérodrome de Bardufoss et
rejoindre l’escadrille de Gloster Gladiator et en réalité les rendirent inefficaces.
Le Haut Commandement britannique avait déjà décidé de se retirer tactiquement avec des pertes
considérables. Le 3 Juin 1940 les communications codées allemandes connurent une subite
recrudescence. Elles indiquaient qu’une flotte substantielle de la Kriegsmarine pénétrait dans la
Baltique par Kiel (Budiansky, 2000) avec une Allemagne déterminée à s’emparer de la Norvège et une
fois maître du ciel les débarquements à Narvik seraient impossibles. L’évacuation programmée de
Narvik fut décidée afin de minimiser les risques aux forces norvégiennes situées au nord de Bjornefell
où la 6ème Division norvégienne se composant de 5 divisions tenait la frontière du côté suédois.
Narvik fut secrètement évacué du 4 au 8 Juin à cause d’une forte pression sur les Alliés de soutenir
l’effondrement de la France et le besoin urgent pour la flotte de soutenir l’évacuation de Dunkerque.
Les destroyers « déposèrent » les troupes sur les paquebots qui étaient en attente à 112km des côtes
norvégiennes. La Brigade de fusiliers polonais fut évacuée dans la nuit du 4 au 5 Juin.
Le Chroby un ancien bateau de croisière polonais qui fut coulé le 14 Mai. Il transportait des troupes
britanniques avec une cargaison de valeur à destination de Bodo. Il coula avec ses 11 membres
d’équipage et les hommes de troupe dont on ne pu évaluer le nombre.
Les sous-marins Burza et le Blyskawica furent envoyés dans le sud de la France. Le Burza entra en
action au large de Calais le 21 Mai tirant sur une concentration de troupes allemandes couvrant la
retraite d’autres troupes. Attaqué par des Ju-87 le sous-marin fut touché et pu néanmoins regagner
Douvres avant d’être dirigé sur Plymouth pour réparations.
Les évacuations de Narvik et de Dunkerque eurent pour effet de renverser le Gouvernement de
Chamberlain (Davies, 2006). Churchill (cité dans Dickens, 1974 :157) à bord du Warspite s’adressa à
la Chambre des Communes:
« Les lâches et incompétentes autorités de l’Amirauté ont pris le risque et furent très soulagées de voir
qu’il n’y a eu aucun piège de quoi que ce soit dans les fjords. Qu’aurait-on donc dit si elle avait coulé ?
Quel imbécile a envoyé nos plus prestigieux navires dans ces eaux où ils pouvaient être des prois
faciles ? Si vous osez et que vous ne réussissez pas c’est la mort des marins. Si vous êtes prudent
vous êtes lâche, peureux, incompétent et timide ».
Il est vrai qu’une petite flottille annihila plus forte qu’elle et retarda indubitablement l’invasion de la
Grande-Bretagne. Cependant, il y eut des récriminations telles que citées dans le London Gazette du
8 Juillet 1947 (N°38011)
Solutions trouvées
- L’utilisation efficace de l’aviation allemande par
- le soutien aux troupes
- les attaques à basse altitude
- les bombardements
- l’arrivée surprise des parachutistes
- le ravitaillement par les airs
- réapprovisionnement de la mer vers le rivage compromis et raccourci
- Les problèmes Alliés
- communication et contrôle entre la marine et les troupes au sol
- manque de barges de débarquement
- faible couverture aérienne et appui
- provision inadéquate pour un réapprovisionnement maritime à la côte
- entraînement
- évaluation du terrain
- incapacité à combattre indépendamment
- manque d’armes automatiques
- poids de l’armement et du paquetage
- mauvaise appréciation de l’équipement ou inapproprié pour les conditions rencontrées
- O manque de maîtrise de la population locale
Une autre mesure d’organisation incompétente et de réflexion stratégique fut le retour en France des
troupes polonaises. Les rescapés de la Brigade des fusiliers polonais – B.F.P (quelquefois appelés la
Brigade Podhalanska) revinrent en France après l’opération Arctique à Narvik. Ils débarquent à Brest
le 13 Juin 1940 pour se rendre compte que malgré les pertes de la 1ère Division de grenadiers ayant
couvert la retraite alliée, la B.F.P reçut l’ordre de renforcer une armée française inexistante défendant
la Bretagne. Au nord, le long de la côte vers Dunkerque une armada de petits bateaux portèrent
secours à environ 340000 hommes de troupe entre le 25 et le 28 Mai 1940. L’ordre de sacrifier une
brigade entraînée au combat et la rendre ainsi inefficace au moment de la chute de la France,
demeure l’une des plus grosses stupidités et incompétence et déniant ainsi la Grande-Bretagne
comme une « riche » ressource pour entraîner des troupes d’infanterie moins expérimentées devant
être rassemblées afin de combler les pertes subies par les Forces du Corps Expéditionnaire
britannique.
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